Mettre à jour son téléphone : mission (parfois) impossible

Récemment, WhatsApp a annoncé que les utilisateurs d'iPhone 5s, 6 et 6 Plus ne pourront bientôt plus utiliser l'application, celle-ci n'étant plus compatible avec ces modèles.

Cet arrêt des mises à jour logicielles pour certains modèles illustre la logique de l'obsolescence programmée. En moyenne, les fabricants assurent la compatibilité des smartphones avec les nouvelles versions pendant environ 7 ans. Au-delà, les appareils et applications essentielles, comme la messagerie et les services bancaires, deviennent pratiquement inutilisables faute de compatibilité avec les derniers standards de sécurité.

"Cette stratégie pénalise les consommateurs aux revenus les plus modestes", affirme Nina Quellier, responsable de l'activisme de marque chez Back Market. À ses yeux, forcer les utilisateurs à dépenser en permanence n'est pas nécessaire, surtout en pleine crise du pouvoir d'achat.

"Les fabricants nous poussent à renouveler nos appareils. Au bout d'un certain temps, les consommateurs sont forcés de passer au modèle supérieur. En moyenne, ils conservent leur smartphone pendant seulement 2 ans et demi, alors qu'il devrait être possible de les faire durer bien plus longtemps !" déclare Nina.

Cependant, une lueur d'espoir émerge grâce aux militants du droit à la réparation. Ce mouvement se bat pour que les intérêts des consommateurs soient enfin pris en compte, ouvrant ainsi des perspectives plus prometteuses. Back Market soutient cette initiative, qui vise à faire de la réparation un droit fondamental et à prolonger la durée de vie des ordinateurs et des smartphones en facilitant leur reconditionnement.

Des évolutions juridiques sont en cours d'étude en Europe pour obliger les fabricants à garantir une compatibilité logicielle d'au moins cinq ans pour les appareils. Cependant, les militants pour le droit à la réparation estiment que cette durée devrait être portée à au moins dix ans, et que les mises à jour de sécurité soient assurées pendant au moins quinze ans. "Isoler les mises à jour de sécurité des autres mises à jour simplifierait ce processus", explique Alexandre Tanay, responsable des affaires publiques chez Back Market. "Cela permettrait aux utilisateurs de maintenir leurs appareils à jour sans compromettre leur sécurité. Et cela ne devrait pas se limiter aux smartphones", ajoute-t-il.

"Où finissent tous ces appareils ? À la déchetterie, au fond des tiroirs, ou tout simplement à la poubelle. Il est donc impératif de prolonger leur durée de vie. La maintenance logicielle fait partie des solutions, car elle facilite leur réparabilité."

Contre toute attente, faire fonctionner nos anciens modèles d'iPhone et d'ordinateurs tout en garantissant leur sécurité logicielle est un enjeu crucial. "L'obsolescence programmée est une injustice sociale et économique", affirme Nina. "On devrait pouvoir conserver nos appareils plus longtemps, d'autant plus que chaque nouvelle version est présentée comme le summum de la technologie."

La fréquence des mises à jour pèse sur la charge mentale des consommateurs et aggrave l'impact écologique en les poussant à renouveler leurs appareils. Pour preuve, les déchets électroniques sont la catégorie de déchets solides qui augmente le plus rapidement dans le monde. En 2022, 62 millions de tonnes de déchets électroniques ont été générées, et seulement 22,3 % ont été officiellement collectées ou recyclées.

"Où finissent tous ces appareils ?" s'interroge Nina. "À la déchetterie, au fond des tiroirs, ou tout simplement à la poubelle. Le plus désolant, c'est qu'une infime partie d'entre eux est réellement recyclée. Il est donc impératif de prolonger leur durée de vie. La maintenance logicielle fait partie des solutions, car elle facilite leur réparabilité."

Pensez-y la prochaine fois qu'une pub vous fera miroiter les "avantages" d'un nouveau smartphone. Réparer et faire durer votre appareil, c'est aussi le reflet d'un mode de vie plus responsable et durable.